Articles populaires – Ma vie ne regarde que moi

20 août 2019

40

Parler de mon enfance. Il y faudrait un livre entier tant sa charge émotionnelle pèse encore sur moi. Bien sûr, j’ai oublié l’essentiel des actes que j’ai accomplis alors et je ne saurais dire ce qui s’est passé tel ou tel jour, mais je n’ai rien oublié...

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30 septembre 2019

61

La rentrée. La rentrée 1932. Il y en eut d’autres dans ma vie mais cette rentrée-là fut celle de ma vie. J’avais neuf ans et demie mais les soins de mon père, les attentions de ma mère et la rudesse de la vie à la campagne m’avait donné une certaine maturité....

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2 octobre 2019

62

Prendre un certain plaisir à parler de soi dans le vide, à jeter des mots au vent en espérant simplement, dans ces mots envolés, retrouver quelques sensations passées, parfois même oubliées. Parfois les mots se moquent de moi. Ils sont là, je le sais,...

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23 octobre 2019

71

Est-ce pour me refaire « une innocence perdue » que j’essaie d’écrire ce livre ? Cette innocence que j’avais alors découvrant un monde qui n’était pas le mien et décillait mes yeux sur les réalités du monde. Il n'est pas si facile d'essayer de garder...

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25 octobre 2019

72

Dans une autobiographie on ne parle pas de soi, seulement de l’image de soi, on ne dit rien de ce qui fait les particularités de l’être, rien — ou presque— des troubles du corps, de ses mouvements, humeurs, hésitations qui font pourtant d’une vie ce qu’elle...

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30 octobre 2019

75

Si j’ai accordé tant d’importance à ce premier repas chez les Dubreuil, c’est qu’il me fit prendre physiquement conscience des hiérarchies sociales. Chez eux, je me trouvais dans la même position que les petits paysans de La Roche qui venaient parfois...

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14 août 2019

19

La noce donc. Noce villageoise : impensable que les soixante seize habitants du village ne soient pas invités. Et la famille du marié, mon père. Peu de monde il est vrai : grand-père Aristide, grand-mère Marthe Roman, née Falkowski — je ne sais si j’aurais...

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12 novembre 2019

82

L'évocation de certains souvenirs en bloque parfois le dire ; et quand je m'en souviens j'éprouve beaucoup de difficultés à les rapporter. Ces souvenirs sont si intimes qu'il me semble que leur communication me prive de quelque chose. Peut-on, doit-on...

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27 novembre 2019

91

Hier j’ai parcouru pendant des heures les livres de mes bibliothèques me demandant lesquels m’avaient été indispensables et ceux que je n’avais pas oubliés. J’ai dû conclure que, mis à part les livres de mon adolescence qui furent comme autant d’initiations,...

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1 décembre 2019

93

Je n’ai jamais oublié ce moment qui a, en grande partie, décidé de ma vie. Quant à la rédaction elle-même, celle d’un jeune singe savant qui avait beaucoup lu, je ne l’ai pas conservée l’ayant détruite quelques années plus tard. Mémoire, souvenirs et…...

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5 décembre 2019

95

J’ai déjà eu l’occasion de dire dans une de mes pages précédentes que mon père, formé à l’école républicaine, était farouchement laïque et je ne suis pas loin de penser que, si sa dignité d’instituteur ne l’en empêchait pas, il serait aller se joindre...

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9 décembre 2019

97

Curieux sentiment que celui de vivre dans le souvenir : il n'y a en effet plus ni passé ni présent mais, pour l'esprit flottant, un seul espace flou, quelque chose comme une absence, un manque du temps. Je n’ai plus aujourd’hui un plaisir extrême à écrire...

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13 décembre 2019

99

Je raconte ma vie sans illusions. Pas dupe, je sais tout ce qu'elle a de banalité romanesque et de réalité ennuyeuse. J'essaie pourtant d'aller au fond de moi-même, de m'y révéler tout en n'ignorant pas, contrairement à Rousseau, que me peindre dans toute...

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14 août 2019

12

Avant d'aborder enfin le sujet véritable de ces écrits — l'histoire de ma vie — me reste à poser quelques fragments de décor, qui ne sont pas sans importance pour la suite, mais que je donne ici en désordre. Après tout, aucune loi n’oblige un récit à...

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14 août 2019

11

Ma mère. Ma mère aimait la compagnie : elle avait un besoin irrépressible de parler, de bavarder disait mon père pour la taquiner. De parler de tout, de rien, de n’importe quoi avec n’importe qui, de son jardin, de ses fleurs, du temps qu’il faisait,...

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26 décembre 2019

106

Jour à jour je bricole ma vie étoupant avec des souvenirs les déchirures par lesquelles elle prend eau : ce récit me maintient. La boutique du bouquiniste avait en ville une très mauvaise réputation que ne justifiait pas à elles seules la saleté de sa...

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24 janvier 2020

119

Le succès vint mais, comme toujours il fut paradoxal et surprenant. Au bout d’une quinzaine de jours, comme je ne cessais de passer dans sa boutique, Raymond Lachance me dit avoir vendu 21 exemplaires et me dit que c’était inattendu. Je le soupçonne aujourd’hui,...

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28 janvier 2020

121

Avant d’entrer dans la pièce, celui qui s’était présenté comme chevalier me fit asseoir sur une chaise noire à coussin rouge et me dit doucement : — ne parlez pas, l’abbé est en train de finir son poème… En effet, un homme en soutane devant un demi-cercle...

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13 septembre 2019

55

Assez parlé de mon enfance, j’en ai assez dit pour situer les bases sentimentales sur lesquelles s’est construite ma vie. En parler davantage m’obligerait soit à faire du Pagnol, soit, pire peut-être encore, m’enfermer dans une forme d’autocomplaisance...

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5 février 2020

124

En 1939, j’allais vers mes dix-sept ans, Lucien, mon père avait 40 ans. Même si la déclaration de guerre ne devait intervenir qu’un mois plus tard, sous-officier de réserve comme la plupart des instituteurs il fut rappelé sur les frontières du Nord-Est,...

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20 septembre 2019

57

En juillet 1932, je fus donc reçu second du département au concours d’entrée en sixième, j’avais 9 ans et six mois. Autant dire que mon père et ma mère — mon père surtout — en fut très fier même si cela devait changer la vie de toute la famille, mais...

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9 février 2020

126

On ne dit jamais vraiment la vérité dans l’existence, chacun construit, pas à pas, le personnage qu’il désire que les autres connaissent. J’ai ainsi longtemps inventé mon grand père maternel qui, alors qu’il était bien vivant dans son village de La Roche...

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18 février 2020

129

À dix sept ans je n’éprouvais pas encore le sentiment qui plus tard me rendit l’écriture de moins en moins nécessaire que tout avait déjà été écrit quelque part, qu’il suffisait de lire suffisamment d’ouvrages d’écrivains antérieurs pour se rendre compte...

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19 février 2020

130

Mais j’anticipe, donc je m’égare. À dix sept ans j’étais persuadé au contraire que ce je croyais avoir à dire serait d’une originalité absolue et que, d’une certaine façon, c’est à travers mes textes que mes improbables lecteurs découvriraient et construiraient...

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25 septembre 2019

59

L’été s’est achevé. À Carmaux , les traditionnelles vacances d’août chez mes grands parents paternels ont été en partie consacrées à la constitution de mon trousseau : rentrer au collège impliquait un certain nombre d’obligations vestimentaires. Finie...

Posté par Maurice Roman à 07:42 - Commentaires […] - Permalien [#]