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Ma vie ne regarde que moi
24 mars 2020

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Pauvre lecteur s’il en est, je sais que me suivre est difficile car je suis incapable d’écrire de façon linéaire et passe ainsi d’un sujet à l’autre sans avertissement. Je sais que tu attends que je poursuive l’histoire de ma liaison avec Sophie, je sais aussi que j’avais annoncé un événement inattendu mais je n’ai pas envie de parler de ça aujourd’hui, un jour certainement constituant ainsi quelque chose comme des suites. Mon écriture est vagabonde, passe d’un sujet à l’autre comme les souvenirs dans mon cerveau dont je ne contrôle pas totalement la venue, ou non. Dans cette autobiographie j’avance ainsi lentement au gré des incidents du présent qui ramènent en ma mémoire des fragments du passé. Je ne vis pas vraiment aujourd’hui, je me souviens simplement que je viens de vivre. Je sais aussi que mes 129 (c'est bien peu, n’est-ce pas…) "amis" se moquent de mes lectures mais communiquer dans le vide, c'est toujours croire communiquer et les échanges de parole, comme me l'ont appris ma fréquentation des cafés sont souvent si vides qu'elles s'apparentent à des soliloques. Facebook est mon nouveau café du commerce.

Aujourd’hui c’est le souvenir de mon neveu Ronald qui s’impose et sa curieuse relation à la mort. Peut-être est-ce pour cela qu’il éprouve pour moi une sympathie certaine, parce qu’il en sent en moi l’approche. Dès qu’il eut seize ans et une certaine indépendance, Ronald jouait avec la mort comme avec un chaton essayant à peine d’éviter ses petits coups de griffe. Elle était un de ses colifichets. Il en arborait l’image sur tous ses vêtements plus obscurs que noirs, ses croix tortueuses, ses têtes de mort en bagues, boucles d’oreilles, broderies, impressions sur ses tee-shirts. Il fréquentait tous les cimetières où il trouvait toujours une tombe favorite qu’il photographiait pour un album dont c’était l’unique sujet. Il emportait partout avec lui un poste de radio qui a la forme d’une tête de mort et lui sert de réveil-matin. Pourtant il me reproche d’en trop parler. Qu’est-ce donc pour lui que la mort ? La mort de qui, de quoi ? Une image, la volonté de choquer « le bourgeois » ? Encore un sujet de conversation entre nous, je lui parle de l’image de la mort dans l’histoire des cultures, il me dit comment ses amis et lui la considèrent… Comme quoi l’âge n’est jamais une barrière absolue. Je n’ai jamais vraiment su si c’était un jeu d’adolescent ayant du mal à définir sa place dans le monde ou si c’était un vrai fond de morbidité. Pourtant il n’eut jamais la tentation réelle du suicide même si, un temps, il lui arriva de jouer avec son idée. Avec Ronald nous avons des discussions sérieuses. Sous ses airs indifférent à tout, et malgré son écriture désastreuse, il réfléchit et je trouve même qu'il pense bien. Nous avons souvent ainsi parlé de la mort et de la religion. Bien qu’il se dise athée comme moi, il s’est en fait bricolé une religion bien à lui. S’appuyant sur le fait que le vivant n’est qu’une combinaison d’atomes, il croit en une vie éternelle sans dieu. Pour lui, chacun des atomes de notre corps conserve une mémoire de nos vies et lorsqu’ils se dispersent, cette mémoire est très fragmentée. La plupart du temps elle n’apparaît pas mais il arrive que plusieurs atomes d’un même corps se retrouvent dans un corps nouveau et réactivent alors leurs mémoire. C’est une forme de métempsychose intégrant l’aléatoire. Il est aussi persuadé que l’on peut, en adoptant certains modes de vie, réduire l’aléatoire et obtenir ainsi quelque chose comme des sentiments de vies antérieures. Il dit ainsi qu’il a repéré un lieu (il n’a pas voulu me dire lequel) où il peut se recharger en atomes d’une vie antérieure dont il n’a rien voulu me dire si ce n’est qu’elle le passionne.

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