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Ma vie ne regarde que moi
2 novembre 2019

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L’amour nous frappe comme l’éclair. Je l’ai senti à la minute même où commença, pour la première fois de ma vie, la lecture à voix haute de notre professeur de sixième : l’amour démesuré de la littérature. Pour l’essentiel je lui ai abandonné ma vie. J’ai lu des milliers de livres, d’où une très grande culture littéraire, mon neveu Ronald, dont il faudra bien que je parle plus tard, n’en a aucune. Il suffit de voir son orthographe désastreuse pour s’en rendre compte. Mais il a une fantastique connaissance de la musique rock. Ces différences nous rapprochent car chacun de nous peut enrichir l’autre et, depuis deux jours qu’il est là, nous n’arrêtons pas de discuter de nos goûts respectifs. Je ne sais si je parviendrai à le faire lire (il est d’une époque où le livre n’est plus le seul média) mais il réussit à me faire écouter du rock. Ça ne me déplaît pas vraiment, j’ai l’impression de retrouver la musique zazou de ma jeunesse.

Ce matin, j'ai voulu relire "Le maître et Marguerite" de Mikhaïl Boulgakov mais l'édition que j'avais dans mes réserves (Pocket poche) est de très mauvaise qualité: les pages se décollent une à une. Comme pour le prendre j'ai dû monter sur une échelle, il m'est tombé des mains et les pages se sont dispersées au sol. Je les ai rassemblées sans les remettre en ordre puis j'ai lu, dans cet ordre aléatoire. Cette lecture que m'offrait le hasard n'était en rien désagréable, au contraire, les pages indépendantes se sont mises à n’exister que par elle même et il y avait en cela quelque chose de poétique.

Il y a des moments pour lire tel ou tel livre. Il y a des années je n'étais pas venu à bout de "La vie en sourdine" de David Lodge. Hier je l'ai lu avec plaisir. Je ne me souvenais de rien, ni de ce que j'avais déjà lu, ni des raisons de mon déplaisir.

Je viens de terminer la lecture de "Les souterrains" de Jack Kerouac. Le battage fait autour du film "Sur la route" m'en avait donné envie. Je trouve ce livre un peu inférieur à « Sur la route », mais tout de même intéressant, par la peinture d'un milieu que j'ai connu et surtout par l'urgence de l'écriture qu'il manifeste, écrire comme pisser ou déféquer ou vomir.

Qui se souvient encore de Tony Duvert, à mes yeux un bon écrivain victime de l'installation de l'ordre moral interdisant d'exprimer ses fantasmes. Je viens de relire avec plaisir son "Journal d'un innocent" si bien écrit et dont parle d'ailleurs Oriane dans une de ses notes: "Je vois donc bien ce qui sépare la majorité heureuse et les minoritaires: la première ne souffre que de l'existence des seconds; tandis que ceux-ci souffrent d'eux-mêmes et, pour une poignée qu'ils sont, empêchent que règne un bonheur unanime. Voilà pourquoi il faut ressembler aux autres pour être heureux, et pourchasser les différences pour le demeurer."

Mais il m’arrive de plus en plus souvent de vouloir lire autre chose que de la littérature. Hier soir, j’ai pris la « Logique sans peine » de Lewis Carroll. Je pensais que j’allais m’endormir dessus, au contraire, de raisonnement en raisonnement, je suis resté éveillé jusqu’à quatre heures du matin. D’où un réveil inhabituellement tardif en ce qui me concerne. Presque dix heures. Mais comme le temps est médiocre et que j’ai fait quelques provisions la semaine dernière, je ne vais pas sortir et me remettre à ma lecture. J’en suis à « La méthodes des indices ». Personnellement je trouve que ce petit traité de logique, élémentaire, pose bien des questions à la littérature.

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